Une Ouïghoure témoigne des terribles conditions de détention dans les camps de concentration du Xinjiang
Mihrigul Tursun est une ancienne détenue ouïghour dans les camps d’internement du Xinjiang, en Chine. Aujourd’hui exilée aux Etats-Unis, elle témoigne de ce qu’elle a enduré pendant sa détention.
Le site d’information Christian Today se fait l’écho du témoignage accablant d’une Ouïghoure arrêtée et détenue à trois reprises. Mihrigul Tursun révèle les horreurs qu’elle a endurées dans un camp de concentration chinois.
Un témoignage publié dans le contexte d’une série d’articles proposée par le site anglais sur les violations des droits de l’homme en Chine actuellement sous le feu des projecteurs aux JO d’hiver.
La première arrestation de Mihrigul Tursun a eu lieu en 2015 deux mois après que la jeune femme ait donné naissance à des triplés. Ses enfants lui sont alors enlevés et après deux mois de détention, elle a appris la mort de son fils Mohamed.
Ces deux autres enfants, Moez et Elina, lui sont revenus avec des cicatrices au cou. Elle n’a jamais su ce qu’il leur était arrivé et plus de sept ans après, ils connaissent toujours des problèmes de santé ; cardiaques et pulmonaires pour son fils et oculaires pour sa fille.
La réfugiée a déclaré en 2019 à CNN qu’elle prévoyait de leur raconter ce qui est arrivé à leur frère quand ils seront plus âgés et pourront mieux comprendre.
« Je leur dirai tout. Je leur dirai que le gouvernement chinois a tué leur frère. »
A l’issue de sa première détention, Tursun a été surveillée par les officiels du Parti Communiste Chinois et de nouveau détenue en 2017 pendant trois mois pour subir des chocs électriques ainsi que de la violence physique et psychologique.
Elle a également subi des traumatismes lors de sa troisième détention en 2018 où elle est restée plus de six mois. Elle rapporte les conditions de vie difficiles et les restrictions de sommeil imposées aux prisonniers.
Selon la jeune femme, il n’y avait pas de lits dans le camp. Les soixante femmes de sa section qui étaient désignées par des numéros au lieu de leurs noms, n’ont reçu que des couvertures pour dormir et n’avaient pas d’oreillers. Elle ajoute que les prisonnières ne pouvaient se rendre aux toilettes que trois fois par jour et étaient régulièrement contraintes de se souiller.
Après sa libération finale, Mihrigul Tursun s’est enfuie avec ses enfants aux Etats-Unis où elle partage désormais son histoire déchirante auprès des médias pour mettre en lumière la situation des Ouïgours en Chine.
De plus en plus de pays accusent la Chine de commettre un génocide à l’égard de ce peuple originaire du nord-ouest de la Chine et majoritairement musulman. C’est notamment le cas de l’Assemblée nationale en France qui a reconnu et condamné pour la première fois jeudi 20 janvier le génocide et les crimes contre l’humanité que subissent les Ouïghours.
Aussi, les appels au boycott des JO de Pékin se sont récemment multipliés. Une démarche que Mihrigul Tursun déclare soutenir à « 100% ».
En effet, de nombreuses organisations comme Open Doors USA ont appelé à boycotter les jeux Olympiques en raison de la violation des droits humains des Ouïghours, mais également des chrétiens.
La Chine est classée 17e dans l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2022 publié par Portes Ouvertes. L’organisation révèle que dans ce pays d’Asie, « la situation des chrétiens se détériore » tandis que « les églises sont de plus en plus surveillées ».
Eric Coursodon